Elle s’éloigne

Paru le 2 octobre 2023

Auteur/ autrice

9782490580170

118 pages

Elle s’éloigne

Une mère de famille se jette sous un TGV.

Telle est l’annonce de la Nouvelle République, journal local d’Indre et Loire le 6 mars 1995.

Je suis le fils de la désespérée, écrit Raphaël Cuvier.
Des années plus tard, il tente recoller les morceaux dans sa mémoire fracassée. Etant père à son tour, il comprend peu à peu les incapacités de cette femme avec qui il a partagé des moments de vie aussi fugaces qu’intenses.

J’apprends à lui pardonner cet abandon.

Par cette phrase, très belle, l’auteur nous fait entrer dans son histoire personnelle. Il ne doute pas que sa mère aimait ses enfants mais son mal-être entravait cet amour. Il lui arrivait de les oublier, comme lorsqu’ils se retrouvent seuls sur une plage. Elle ne supportait pas la déchéance sociale progressive de son mari, ni la dureté de ses propres parents qui la traitaient d’incapable. Quant aux médecins, ils n’ont pas réussi à la guérir. Bientôt, de plus en plus débordée par ce qu’elle appelle sa maladie, elle n’assume plus rien. Lorsqu’elle part pour en finir, elle ne prévient personne et les enfants l’attendent. Elle s’éloigne. Elle s’éloigne du monde. Elle s’éloigne de son fils. Elle s’éloigne de la vie.

Ce texte poignant à bien des égards a aussi pour effet de nous rappeler nos propres brisures d’enfance. Que ce soit la difficulté à côtoyer une personne fragile, l’incapacité à rendre les liens d’amour suffisamment puissants pour empêcher une chute fatale, le désarroi face aux déflagrations inattendues de la vie. Ce roman nous touche au coeur par ses questions intimes autant qu’universelles, et par sa vérité absolue.

Raphaël Cuvier

Qui est Raphaël Cuvier ?

Raphaël Cuvier est né à Paris, en 1980. Il a grandi en Touraine. Il vit à Orléans. Après des études d’histoire et d’archéologie, il devient professeur des écoles. Il enseigne pendant une quinzaine d’années dans le primaire, avant de devenir professeur d’histoire-géographie. Son parcours, tant personnel que professionnel, l’a conduit à questionner les thématiques liées à la famille, à la transmission. L’atavisme, la reproduction sociale, l’influence du milieu sur le parcours personnel, la singularité des transfuges de classe constituent pour lui un sujet de réflexion majeur.  Auteur de roman et de livre jeunesse, on retrouve ces thématiques dans ses écrits. Sur le plan littéraire, ces questionnements se traduisent par un attrait pour la littérature de l’intime, celle dont le matériau principal est le vécu.

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Critiques & Médias

Jean-Pierre Vialle

Dérangeant ! Rien n’est inventé, tout est vrai, tout est analysé sans complaisance, tous ces petits coups de pelle légers qui progressivement creusèrent ce trou. Il tente de les comprendre, de les mettre en perspective, de démontrer l’impossibilité d’accompagner cette mère, l’amour impossible de cette mère, les aléas familiaux…bref, toutes ces petites choses qui sapent petit à petit la moral…et qui petit à petit disloquent une famille. Et qui l’ont également perturbé, comme tous les autres membres de la famille.

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Jonaszuckerman (Babelio)

Un livre de plus sur une mère, vous me direz, mais pas un livre de trop. Un bel hommage rendu par cet homme à sa mère, et par là même, un témoignage d’amour à toutes les mères si imparfaites peuvent-elles être parfois.
En lisant ce livre, j’aurais tellement aimé pouvoir aider cette femme touchée par cette maladie encore incurable et qui glisse inexorablement vers la « folie » pour n’y trouver qu’un unique remède.
On ressent le besoin de l’auteur, qui a maintenant atteint l’âge que sa mère n’aura jamais, de se délivrer de ce lourd passé, de se détacher de ce fardeau. Écrire pour « ne plus en être le gardien ».
Il n’y a aucun effet dramatique pour émouvoir le lecteur, pas de pathos. Simplement un homme qui tente de reconstituer au plus près ce qui a pu se produire alors qu’il n’était qu’un enfant.
Je recommande vivement.

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L'OBS, Anne Crignon, 21 décembre au 3 janvier 2024

Fils d’une désespérée
Le 6 mars 1995, « la Nouvelle république » (Indre-et-Loire) annonce qu’une femme de 43 ans a été percutée par un TGV. « Désespérée, la malheureuse s’est jetée sur les rails », écrit le journaliste. « Je suis le fils de la désespérée », répond, trente ans plus tard Raphaël Cuvier en introduction d’un récit délicat, rédigé à la veille d’atteindre l’âge que la défunte n’a jamais eu. Avec le temps, il a appris à composer avec une secrète intranquillité. Le talent de bien donner le change est à double tranchant: rien ne transparaît mais la solitude est totale. Raphaël se voit, petit, témoin d’une double tragédie. A la dégringolade sociale de la famille qui doit quitter le bel immeuble parisien pour une HLM s’ajoute qu’un fantôme a pris place parmi eux: la maniaco-dépression. Il revoit sa mère entre très hauts et très bas, penchée sur le « Larousse de la santé », bousillée par la violence passée d’un père dont elle guette en vain les marques d’estime et d’affection, et qui promène son tourment et son paquet de Gitanes, en robe de chambre rouge, dans la salle à manger. Peut-être que la part de soi prisonnière à jamais de ce genre d’enfance est le sujet véritable de ce livre mélancolique et doux.

Marthe Gallais, La Nouvelle République, dimanche 14 Janvier 2024

Un travail de mémoire par l’écriture

« C’est vraiment un récit intime que je livre et qui m’a permis de retrouver un contact un peu plus pacifié avec ma mère, de mieux la comprendre… Oui, ce récit vient clore un chapitre et apaiser beaucoup de choses. J’ai réussi à retrouver la chronologie que je voulais, à trouver les réponses à mes questions, à sublimer le rapport que j’ai à la mémoire de ma mère, à verbaliser des émotions. Mais cet apaisement n’est pas venu pendant l’écriture ou à la publication du livre. Au contraire, quand j’ai su que ce récit serait publié, tout sentiment de libération a été empêché. J’ai eu de l’inquiétude concernant la réception de ce récit par mes proches. Est-ce qu’ils vont le trouver juste ? »
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– Extrait de l’interview

Julien Leclerc

Raphaël Cuvier propose un récit dont la sobriété est illustrée par le titre choisi. Elle s’éloigne. L’auteur pointe les fragilités qui ont émaillé la vie de sa mère et comment elle s’est éloignée progressivement de sa famille, de la vie et d’un espoir. A partir du fait divers et du manque d’informations qui l’entoure, l’auteur revient sur le glissement sensible et intime vécu par sa mère. L’adulte d’aujourd’hui replonge dans son enfance d’hier pour y glaner des indices ici et là. Ce récit est habité par le traumatisme vécu et les non-dits l’accompagnant. Le silence renforce le sentiment d’exclusion.
Au cœur de ce livre, il y a également l’espoir, celui de se sauver, soi-même ou les autres. Raphaël Cuvier rend hommage à sa mère et aux moyens qu’elle a utilisés pour résister. Elle a notamment essayé de se raconter, et de mettre en mots sa douleur profonde. En prenant la plume à son tour, Raphaël Cuvier propose des questionnements et une quête vers une forme d’apaisement.

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Babelio. Diamelee 10 juillet 2024

Démourir. Faire démourir une personne. Je trouve cela beau. Pudique. Plein d’émotion. D’amour. Comment peut-on faire démourir une personne? C’est un cri du coeur. Un cri d’amour. Pour sa mère. L’auteur nous raconte sa mère. Une mère aimante. Une mère morte. Comment parler de la personne qu’on a aimé? Où trouver les mots qui donneront un récit fidèle aux souvenirs? Ces souvenirs d’enfant sont-ils fidèles à la réalité? Elle s’éloigne. de qui? de quoi? Oui, pour le reste du monde, elle est un fait divers. Elle est cette femme qui s’est jetée sous le train. C’est sa mère! Plutôt, c’était sa mère! Elle l’a aimé, ainsi que son frère et sa soeur. À sa manière. Qui était-elle? Qu’elle a été sa vie? À quel moment a-t-elle commencé à s’éloigner?

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Extrait

J’suis resté qu’un enfant 
Qu’aurait grandi trop vite 
Dans un monde en super plastique 
J’veux retrouver Maman ! 
Qu’elle m’raconte des histoires 
De Jane et de Tarzan 
De princesses et de cerfs-volants
J’veux du soleil dans ma mémoire
J’veux du soleil, Au p’tit bonheur

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