L’Attendeur (de première classe)

Parution le 8 octobre 2024

Auteur / autrice Fabien Maréchal

EAN 9782490580194

Pages 328

Grégoire Furnier n’est pas n’importe qui. Il a réussi le concours très sélectif des Attendeurs de première classe. L’EsA, Ecole supérieure de l’Attente, forme une élite capable d’attendre à la place de personnalités de haut rang, tel le Ministre de l’Intérieur. Grâce à leur Attendeur (de première classe) ces gens importants ont la possibilité de ne pas perdre leur temps, pour eux si précieux. Les capacités des Attendeurs sont d’autant plus grandes qu’ils sont plus concentrés. Certains peuvent atteindre des scores de plus de 30%, performances remarquables et difficilement dépassables.
Mais un événement dramatique change le cours de la vie de Grégoire, qui se retrouve au chômage. Courageux, humaniste, il met ses capacités extraordinaires au service de ses voisins : des jeunes qui s’ennuient, une gardienne d’immeuble avec ses chats, une ado qui sèche l’école, sa mère brutalisée par le mari, un vieux voisin. Mais bien sûr, les capacités exceptionnelles de cet Attendeur attirent la convoitise d’agents étrangers…
L’originalité du texte tient aussi à sa qualité de satire du monde administratif, vu de l’intérieur. Dans le roman pince-sans-rire de Fabien Maréchal, tous les ingrédients d’une farce poétique sont réunis. On songe à Lewis Carroll, Alphonse Allais, Boris Vian. Une magnifique créativité qui nous fait rire à chaque page, offrant un éclairage ironique et distancié sur notre monde contemporain.

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Qui est Fabien Maréchal ?

Journaliste, Fabien Maréchal a travaillé en presse locale et pour National Geographic. Auteur de plusieurs ouvrages chez des éditeurs indépendants (dont Dernier avis avant démolition, finaliste des prix Hors Concours et Boccace), il mêle préoccupations sociales, poésie et humour pour scruter les lézardes de notre humanité.

Extrait

 

J’avais vingt-trois ans quand j’ai passé le tout premier concours de l’École supérieure de l’Attente (EsA). Il comportait même des tests physiques. Dans un préfabriqué blanc qui ressemblait à une cabane de chantier posée dans la cour, au milieu des bâtiments encore en travaux, un médecin militaire m’a tapé sur les genoux avec un martelet en caoutchouc, a pris ma tension et mon pouls.

«Douze-six et quarante-six. Pas mal, ça», a-t-il observé en reportant les chiffres sur son ordinateur. J’ai commencé à y croire.

Nous avons passé les épreuves écrites dans des baraquements provisoires. Les questions portaient sur les plus grandes attentes et pertes de temps historiques – Christophe Colomb qui attend de toucher l’Amérique, Napoléon qui attend Grouchy à Waterloo, bien sûr les automobilistes qui attendent dans les bouchons du tunnel de Fourvière –, mais aussi dans le domaine culturel. Heureusement, je m’étais préparé, je connaissais ma Sœur Anne et mon Godot sur le bout des doigts, et j’avais assisté deux jours plus tôt à une pièce de théâtre contemporain de plus de sept heures sans dialogues.

Le jury final était réuni derrière un barrage de tables rectangulaires et grises. Dans son dos, une fenêtre ouvrait sur la cour où poussait un unique arbre dégarni, cerné par des tas de sable et des sacs de ciment. La pièce sentait l’essence de térébenthine. Les locaux se situaient boulevard de Grenelle, où passe le métro aérien, non loin du siège de l’Unesco. Je venais de monter à Paris depuis Limoges, et c’était ainsi que j’avais découvert le quinzième arrondissement.

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